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23 novembre 2008

Citroën... Jacques Prévert

Citroën

   

À la porte des maisons closes
    C’est une petite lueur qui luit…
    Mais sur Paris endormi, une grande lumière s’étale :
    Une grande lumière grimpe sur la tour,
    Une lumière toute crue.
    C’est la lanterne du bordel capitaliste,
    Avec le nom du tôlier qui brille dans la nuit.

   

Citroën ! Citroën !

   

C’est le nom d’un petit homme,
    Un petit homme avec des chiffres dans la tête,
    Un petit homme avec un sale regard derrière son lorgnon,
    Un petit homme qui ne connaît qu’une seule chanson,
    Toujours la même.

   

Bénéfices nets…
    Millions… Millions…

   

Une chanson avec des chiffres qui tournent en rond,
    500 voitures, 600 voitures par jour.
    Trottinettes, caravanes, expéditions, auto-chenilles, camions…

   

Bénéfices nets…
    Millions… Millions…Citron… Citron

   

Et le voilà qui se promène à Deauville,
    Le voilà à Cannes qui sort du Casino

   

Le voilà à Nice qui fait le beau
    Sur la promenade des Anglais avec un petit veston clair,
    Beau temps aujourd’hui ! le voilà qui se promène qui prend l’air,

   

Il prend l’air des ouvriers, il leur prend l’air, le temps, la vie
    Et quand il y en a un qui crache ses poumons dans l’atelier,
    Ses poumons abîmés par le sable et les acides, il lui refuse
    Une bouteille de lait. Qu’est-ce que ça peut bien lui foutre,
    Une bouteille de lait ?
    Il n’est pas laitier… Il est Citroën.

   

Il a son nom sur la tour, il a des colonels sous ses ordres.
    Des colonels gratte-papier, garde-chiourme, espions.
    Des journalistes mangent dans sa main.
    Le préfet de police rampe sous son paillasson.

   

Citron ?… Citron ?… Millions… Millions…

   

Et si le chiffre d’affaires vient à baisser, pour que malgré tout
    Les bénéfices ne diminuent pas, il suffit d’augmenter la cadence et de
    Baisser les salaires des ouvriers

   

Baisser les salaires

   

Mais ceux qu’on a trop longtemps tondus en caniches,
    Ceux-là gardent encore une mâchoire de loup
    Pour mordre, pour se défendre, pour attaquer,
    Pour faire la grève…
    La grève…

   

Vive la grève !

   
    Jacques Prévert


Poème écrit en 1933 lors des grèves chez Citroën. Comme quoi l'exploitation est toujours d'actualité. La machine à broyer toujours efficace. La lutte toujours nécessaire.

Comme quoi je me fous aussi de savoir qui de Ségolène ou de Martine gagnera. Elles ne s'élèvent pas contre ce système. Elles participent toutes les deux à sa perpétuation !

Vaines querelles au moment où la colère monte.


--@--

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Commentaires
E
ollie bauch : merci à toi pour ce lien. Jolie réalisation...
O
http://fr.youtube.com/watch?v=neeguzLVQXs<br /> <br /> voici quelque chose qui devrait t'intéresser...<br /> <br /> citroen clipé pour la manif du 29
E
Madame cèdulie : une expo à voir très certainement. Mais je me méfie un peu d'une volonté affirmée concernant Prévert, de réduire son œuvre à quelques aspects de son activité et d'en gommer toute la dimension politique et de révolte. Mais bon, tant que je ne l'ai pas vue... Tu y es allée ?
C
En attendant de laisser faire ce grand bazar ....voir foutoir du ps , qui me les cassent grave (ridicule ), faut mieux aller voir Prévert ..son joli univers à L'hotel de ville de Paris ...enfin ceux qui habitent pas trop loin .<br /> Je vous salue Monsieur Exigeant .
E
la hulotte : j'espère que si ! Les larmes de mort y contribuent...
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