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1 décembre 2011

La violence faite aux femmes

« Bonjour, je m’appelle Corinne NICOLE, j’ai 44 ans, je suis mariée, mère de cinq enfants , militante CGT depuis des années. Je travaille comme ouvrière en 2 x 8 et j’insiste sur le mot « ouvrière » pas opératrice comme on nous appelle maintenant, dans un abattoir de poulets comme il y en a beaucoup en Bretagne. Il y aurait tant de chose à vous dire sur les conditions de travail des salariés de l’agro-alimentaire, ce qui me prendrait évidemment plus de temps qu’il m’est imparti. C’est pourquoi j’ai décidé de vous décrire la journée d’une ouvrière dans ce secteur. Cette ouvrière je l’appellerai NADINE, 27 ans d’ancienneté, 43 ans, maman de 3 enfants de 8 à 14 ans. »

« Nadine se lève à 4 heures pour une prise de poste à 5H40. Cette semaine elle est du matin. Après avoir avalé vite fait son café (elle n’arrive toujours pas à prendre son petit déjeuner si tôt), Nadine vérifie les cartables des enfants, dresse la table du petit déjeuner, prend sa douche et part au travail. Pendant le trajet, elle se dit qu’heureusement que les enfants ont grandit et qu’elle n’a plus à les emmener chez la nourrice, qu’elle à bien eu du mal à trouver d’ailleurs. L’aînée de 14 ans lèvera les petits vers 6h30 et les déposera à la garderie à 7h30 avant de prendre elle-même le bus pour se rendre au collège. »

« Ouf ! Il n’y a pas de brouillard aujourd’hui, les enfants seront plus visibles par les automobilistes sur le parcours de l’école car il y a un kilomètre à faire. Nadine arrive sur le parking de l’entreprise à 5h15, se rend au vestiaire, prend sa tenue : pantalon, vareuse, charlotte, manchette, gant. Elle met son pantalon et commence à enfiler sa vareuse.  Aïe ! Ce bras et cette épaule qui recommence à la faire souffrir, elle arrive de justesse à le lever à l’horizontale, il va falloir qu’elle demande la taille du dessus pour la vareuse, elle sera plus facile à enfiler, elle dira qu’elle a pris du poids. Vite fait, elle avale son anti-douleur (Lamaline). Deux en cas de douleur lui a dit son médecin-traitant qu’elle a consulté il y a un mois. Du repos qu’il lui a dit ! Il est marrant lui, c’est pas lui qui va perdre 230 euros sur sa paie du mois ! Bon, ça tiendra au moins jusqu’à la pause. »

« Après avoir parcouru la distance qui la sépare de son atelier, elle pointe, 5h30 qu’il est !  Tiens la chef a déjà mis en route les ventilos. 4°C qu’il fait, le polaire qu’elle a acheté hier va lui servir. Bon, elle met ses bouchons d’oreilles et prépare son poste. 5H40, les poulets arrivent sur la chaîne, il faut les conditionner ! Yvette sa voisine lui fait un petit coucou ! Pas le temps de parler, trop de bruit, il faudrait crier et en plus 32 poulets à la minute, ça chôme pas. On se parlera à la pause ! Nadine regarde la pendule 7 heures, espère que la grande n’a pas oublié de se réveiller. Mince alors, les poulets tombent par terre, sa case déborde. Une panne qu’ils  disent, il va falloir rattraper le retard, en plus elle a besoin d’aller aux toilettes, un signe à la chef qui lui fait comprendre par gestes que la personne qui doit la remplacer est déjà occupée, il va falloir attendre. 7h30, enfin, Nadine peut aller aux toilettes, 5 min pas plus lui dit la collègue qui la remplace, il y a encore du monde à aller. 8h30, il est temps que la pause arrive, la douleur se réveille, «il est temps que je reprenne mes cachets » pense-t-elle. 9h, il était temps, elle a vraiment du mal à attraper les poulets, mais bon la chef n’a rien vu ! »

 

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Photo : Ela Barteczko

« Yvette la rejoint à table devant un bon café. « t’as su ce qui est arrivé à Jacqueline lui dit-elle ». « Non ! » répond Nadine. «ben, ça y est, elle a été licencié, pour inaptitude qui z’ont dit ! Tu sais bien, elle avait été opérée de l’épaule, elle était en arrêt depuis 6 mois ; ben, elle a vu le médecin conseil qui l’a consolidé et ici le médecin de travail, il l’a déclaré inapte. Le bureau du personnel a dit qu’il n’y avait pas de poste disponible par rapport aux gestes qu’elle peut plus faire. »

« Mince alors, elle n’a que 49 ans, qu’est ce qu’elle va faire, elle en a encore deux qui sont à la maison, en étude en plus ! » « Pour sûr, ça va être dur à la maison, en plus, elle aura plus de mutuelle, avec son mari malade. C’est pas la joie. » 9h15, il est temps de remonter, le temps de prendre ses « Lamaline » et de se rhabiller et c’est reparti ! Tout en conditionnant ses poulets, Nadine pense et pense encore. Heureusement qu’elle a  écouté ce qu’a dit la secrétaire du bureau du personnel se dit-elle, quand elle lui a expliqué que quand on déclarait une maladie professionnelle, la machine était lancée et on ne pouvait plus l’arrêter, ça se terminait obligatoirement par un licenciement. Du coût, pense-t-elle, elle a  bien fait de ne rien dire au médecin du travail la semaine dernière, elle ne l’avait pas vu depuis deux ans, il a rien vu de toute façon. C’est toujours çà de gagné ! 12h30, Nadine a pu aller aux toilettes en temps voulu, plus qu’une bonne heure de boulot, la douleur revient, c’est quand même mieux de ne faire que 7 heures de boulot, elle ne croit pas qu’elle pourrait tenir plus. »

« 13h40, La relève arrive, Nadine pointe et se rend au vestiaire, Yvette la rejoint,  «  Une de faite lui dit-elle ». « Oui et maintenant la deuxième journée à la maison va démarrer ». 14h10, retour à la maison, Nadine débarrasse la table du petit déjeuner, met en route le lave-linge, accroche le linge déjà lavé, fait les lits, passe l’aspirateur, etc… Surtout ne pas s’assoir. Une fois assise, elle ne se relève plus. Nadine reprend deux « Lamaline ». « Vous pouvez en prendre 6 par jour » lui a dit le médecin. »

 

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Photo : Ela Barteczko

« 16h30, Nadine va reprendre les enfants à l’école. Pendant que les deux derniers goûtent, elle peut enfin s’assoir et prendre son café pain beurre. Ensuite les devoirs. 17h30, l’aînée rentre du collège. Nadine ouvre le courrier du jour. Tiens, sa fiche de paie est arrivée. 1 120 € mutuelle déduite, heureusement que son ancienneté lui permet d’avoir un peu plus, se dit-elle. Ben tout est déjà dépensé d’avance, pas d’extra encore ce mois-ci. 18h, il faut penser à préparer le repas du soir. 19h30, les enfants sont douchés, on peut se mettre à table. 20h00 les infos à la télé : « Réforme des retraites », il faudra travailler encore plus longtemps ! « On voit bien qu’ils travaillent pas à la chaîne tous ces grands décideurs, Ils nous tueront avant, comme çà il n’y aura pas de retraite à nous verser ! » se dit-elle. »

« 20h30 le mari de Nadine rentre de Brest où il travaille, une heure de route. 22h00 après avoir préparé le repas du lendemain midi pour son mari, plié le linge et préparé les vêtements des enfants pour le lendemain, Nadine peut aller au lit. Auparavant elle avale deux autres « Lamaline » pour la douleur et la moitié d’un somnifère, en effet depuis quelques mois, elle a dû mal à s’endormir : Comment va-t-elle réussir à payer toutes les factures ! Ce que je viens de vous raconter, c’est du vécu, ce n’est pas de la fiction. »

 

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Photo : Ela Barteczko

Combien de Nadine ? Et surtout combien de temps encore ?

Si comme moi, ce récit vous remue les tripes, vous enrage et vous donne envie de gueuler, vous en trouverez la source ICI.

En ce qui me concerne, mon choix est fait.

 

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28 novembre 2011

Pavel Titovich

J'ai souvent parlé ici des émotions suscitées par une rencontre entre le travail d'un photographe, l'actualité ou des sentiments personnels qui orientent notre regard, créent une sensibilité toute particulière.

J'ai découvert le travail de Pavel Titovich dernièrement. En passant sur le site d'Art Nudes. J'ai effectué des recherches et j'ai découvert un photographe dont quasiment chaque photo me raconte une histoire, qui vous fait entrer dans un univers particulier fait de poésie et de révolte muette. Un grand moment de plaisir et de sensations. Encore faut-il être réceptif et attentif aux petits détails qui éclairent la photo d'une lumière subtile.

Il y a quelques jours c'était la journée contre la violence faite aux femmes. Je voulais réaliser ce post à cette occasion avec les photos de Pavel Titovich, sélectionnées avec cet éclairage. Donc partiel et un peu réducteur. Je voudrais vous engager à découvrir en détail le travail de ce photographe, qui ne se résume pas qu'à mon seul éclairage.

Vous retrouverez son travail ici :

Toujours dans l'esprit de la journée contre la violence faite aux femmes, je voudrais vous inciter à écouter avec attention les paroles de la chanson d'Yves Jamait : je passais par hasard.

 

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22 novembre 2011

Hommage à Ferrat

29 octobre 2011

Il faut libérer Salah Hamouri à la date prévue !!!

Salah Hamouri, franco-palestinien a 26 ans. Il est en passe de finir de purger une peine de prison de 7 ans, après avoir été condamné par un tribunal militaire israélien en territoire occupé (ce qui est contraire au droit international), pour "intention" d'atttentat contre un Rabin d'extrême-droite, sans jamais que la moindre preuve ait été produite. Il est menacé d'une double voire triple peine : 140 jours de prison supplémentaires et l'expulsion à l'étranger car palestinien de Jérusalem-Est, il n'a aucun statut d'habitant en Israël.

 

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Vous trouverez ci-dessous la lettre adressée à l'Ambassadeur d'Israël en France pour réclamer sa libération.

Paris, le 27 octobre 2011

  

Monsieur Yossi Gal

Ambassadeur d’Israël en France

3, rue Rabelais

75008 Paris

 

Monsieur l’Ambassadeur,

Notre compatriote Salah Hamouri, 26 ans, qui est emprisonné depuis le 13 mars 2005 en Israël a été condamné à une peine de 6 ans, 8 mois et 15 jours de prison – ainsi qu’en atteste formellement un document officiel du CICR remis à sa famille (document joint).  Salah Hamouri est donc libérable le 28 novembre prochain.

Le 25 octobre dernier, vous avez rencontré le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé qui, selon ses dires, est de nouveau intervenu auprès de vous pour que Salah Hamouri sorte de  prison le « plus vite possible ». Or, le lendemain de cette rencontre, la porte-parole de l’administration pénitentiaire israélienne, Madame Sivan Weizman, indiquait que Salah Hamouri ne sortirait pas avant le 12 mars 2012. La « raison » invoquée est proprement incroyable : les prisons israéliennes ne seraient plus, du fait de la libération de 1.027 prisonniers palestiniens, en situation de surpopulation carcérale ! Et donc Salah Hamouri pourrait faire 7 ans de prison et non pas 6 ans, 8 mois et 15 jours comme strictement indiqué.

Cette annonce, totalement injuste et arbitraire, soulève une profonde indignation en France.

Israël déclare hautement être un « Etat de droit ». Il ne peut laisser bafouer ce même droit de manière aussi éclatante. Dans un Etat de droit l’administration pénitentiaire ne peut dicter le droit mais doit l’appliquer.

Au nom du « Comité national de soutien à Salah Hamouri » qui regroupe au plan politique toutes les sensibilités qui existent en France, je vous demande donc instamment d’intervenir auprès de vos autorités afin que le droit soit respecté et que notre compatriote sorte à la date qui est formellement prévue, c'est-à-dire le 28 novembre prochain afin qu’il regagne enfin ses foyers à Jérusalem. 

Pour terminer, je me permets de souligner une évidence qui n’est pas seconde : l’image de votre pays, en France et dans le monde où le cas de Salah Hamouri est connu, sera affectée et aura à souffrir sérieusement si les responsables israéliens ne font pas appliquer le droit.  

Dans l’attente,

Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de  mes salutations distinguées.

  

M. Jean-Claude Lefort

Député honoraire

Coordinateur du

Comité de soutien

 

 

PS : J’envoie une copie de ce courrier à Monsieur Alain Juppé, Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères

 

Vous pouvez vous aussi exiger la libération de Salah en envoyant des mails à l'Ambassade d'Israël en France à l'adresse mail suivante : 

information@paris.mfa.gov.il

 

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27 octobre 2011

Bon anniversaire

Ce blog ne serait pas ce qu'il est sans la complicité que j'ai avec une amie. Depuis 2005 nous partageons, nous échangeons, nous nous chamaillons autour des photographes. Nous mutualisons nos découvertes respectives, l'un aime, l'autre non. Nos goûts évoluent, se rejoigent, divergent, la vie en somme !

Mais tous les deux, nous nous sommes pris au jeu et avons basculé dans l'envie de faire nos propres photos. Moi en bricolant, elle en évoluant vers de plus en plus de qualité.

La photo ci-dessous résume parfaitement cette complicité. Pour elle la réalisation, moi jouant avec son cliché brut au niveau cadrage, essayant un traitement que pour une fois elle n'a pas trouvé trop sommaire... Sourire.

Je nous l'offre avec son accord. En cliquant sur la photo, vous visiterez son blog qui aura 2 ans le 28 octobre.

 

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Bon anniversaire le blog et bonne continuation. Et demain laissez lui un petit mot, mais moi je ne vous ai rien dit... Chut !

 

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17 octobre 2011

17 octobre 1961

 Du site Médiapart :

 17 octobre 1961: dire la vérité pour la réconciliation

15 OCTOBRE 2011 | PAR EDWY PLENEL1

 

La date du 17 octobre 1961 fait partie de notre histoire, et nous devons la regarder en face. C'est à Paris qu'une manifestation pacifique de travailleurs alors français –« Français musulmans d'Algérie », selon la dénomination officielle –, venus protester avec leurs familles contre le couvre-feu raciste qui les visait, eux et eux seuls, fut sauvagement réprimée par la police de la capitale, sur ordre de son chef, le préfet Maurice Papon. Mediapart demande la reconnaissance officielle de ce massacre, dont les historiens évaluent les victimes à près de 300 morts.

Au lendemain de la tragédie du 17 octobre 1961, Kateb Yacine (1929-1989), immense poète algérien, s'adressait à nous tous, le peuple français :

 

Peuple français, tu as tout vu

Oui, tout vu de tes propres yeux.

Tu as vu notre sang couler

Tu as vu la police

Assommer les manifestants

Et les jeter dans la Seine.

La Seine rougissante

N'a pas cessé les jours suivants

De vomir à la face

Du peuple de la Commune

Ces corps martyrisés

Qui rappelaient aux Parisiens

Leurs propres révolutions

Leur propre résistance.

Peuple français, tu as tout vu,

Oui, tout vu de tes propres yeux,

Et maintenant vas-tu parler ?

Et maintenant vas-tu te taire ?

 

Après un trop long silence, le temps est aujourd'hui venu de parler, et de parler clair et franc. Non seulement d'entendre cet appel, comme le réclament depuis des décennies historiens de métier et militants de la mémoire, mais d'être au rendez-vous de ce passé plein d'à présent. Le 17 octobre 1961 est une date française aussi bien qu'algérienne. Cette manifestation est certes un des jalons de la conquête de son indépendance, si chèrement payée, par le peuple algérien : organisée par la Fédération de France du FLN, elle entendait consolider le rapport de force face à un pouvoir gaulliste qui, tout en engageant des pourparlers de paix, voulait affaiblir et diviser son interlocuteur indépendantiste.

Mais elle est aussi un moment essentiel de notre propre histoire nationale, de ces moments dont le souvenir fonde, pour l'avenir, une mémoire éveillée, empreinte de lucidité et de fraternité.

Le 17 octobre 1961 est d'abord une manifestation légitime contre une décision administrative sans précédent depuis le régime de Vichy : un couvre-feu raciste, fondé sur des critères ethniques. Le 5 octobre 1961, le préfet de police de la Seine, Maurice Papon (dont on découvrira plus tard le rôle dans la déportation des Juifs à la préfecture de Gironde), impose, au prétexte de la lutte contre les indépendantistes algériens assimilés à des « terroristes », un couvre-feu visant les « Français musulmans d'Algérie ». Ils doivent s'abstenir de circuler de 20h30 à 5h30 du matin, et les débits de boissons qu'ils tiennent ou qu'ils fréquentent doivent fermer chaque jour à 19 heures.

Le 17 octobre 1961 est ensuite une manifestation du peuple travailleur de la région parisienne, d'ouvriers et d'employés accompagnés de leurs familles, venus souvent des bidonvilles, notamment celui de Nanterre, immense, où cette main-d'oeuvre industrielle était en quelque sorte parquée. Ce soir-là, c'est une partie de la classe ouvrière française, dont les cohortes ont toujours été renouvelées par l'immigration, qui défilait pacifiquement sur les boulevards de la capitale, avec cette joie d'avoir su braver l'interdit, la honte et l'humiliation. Avec surtout une grande dignité, celle de ceux qui n'ont d'autre richesse que leur travail, portée jusque dans l'habillement soigné des manifestants. D'ailleurs, le couvre-feu de Maurice Papon prévoyait une seule exception, celle des ouvriers travaillant en trois-huit, contraints d'embaucher en pleine nuit, qui devaient produire une attestation pour pouvoir circuler.

Le 17 octobre 1961 est enfin la plus terrible répression policière d'une manifestation pacifique dans l'histoire moderne de notre République. Les consignes des organisateurs étaient strictes, au point de se traduire par des fouilles préalables des manifestants : pas de violences, pas d'armes, pas même de simple canif. La violence qui s'est abattue sur les manifestants, parfois même avant qu'ils ne se constituent en cortèges, dès leur interpellation sur la base d'un tri ethnique à la sortie du métro, fut d'une férocité inimaginable. Il n'y eut pas seulement les dizaines de disparus – frappés à mort, jetés à la Seine, tués par balles –, mais aussi 11.000 arrestations, et ces hommes parqués plusieurs jours durant, sans aucune assistance, dans l'enceinte du Palais des sports de la Porte de Versailles.

Des «Temps modernes» aux policiers résistants, l'honneur de la France

De cette violence inouïe, ce sont notamment des policiers qui en ont témoigné le plus immédiatement, dans un paradoxe qui n'est qu'apparent. L'Amicale des policiers résistants – nous n'étions que seize ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale – rédigea un tract anonyme, sur la foi de témoignages de gardiens de la paix, qui fut publié dans France-Observateur, l'ancêtre du Nouvel Observateur, que dirigeaient alors Claude Bourdet et Gilles Martinet. Emaillé de faits précis – notamment sur « la bonne centaine » d'Algériens pris au piège sur le pont de Neuilly,« assommés et précipités systématiquement dans la Seine » –, ce texte défend l'honneur d'une police républicaine contre un« enchaînement monstrueux (qui) ne peut qu'accumuler les massacres et entretenir une situation de pogrom permanent ».

Dès l'immédiat lendemain du 17 octobre 1961, un appel circula à l'initiative de la revue Les Temps modernes qui recueillit les signatures de deux cent vingt-neuf intellectuels français, dont vingt-huit professeurs d'université. Il n'est pas inutile de relire aujourd'hui ce texte impeccable tant il fait honneur à cette France, la nôtre, qui sut dire non à l'injustice et à l'innommable, formidablement illustrée dans ces années-là par la revue de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, mais aussi par le Comité Audin et son journal Vérité et Liberté, animé par Pierre-Vidal Naquet, Jacques Panijel et Laurent Schwartz, ou encore par l'éditeur et libraire François Maspero, irremplaçable refuge et emblème de toutes les résistances d'alors. Le voici donc.

« Avec un courage et une dignité qui forcent l'admiration, les travailleurs algériens de la région parisienne viennent de manifester contre la répression de plus en plus féroce dont ils sont victimes et contre le régime discriminatoire que veut leur imposer le gouvernement. Un déchaînement de violence policière a répondu à leur démonstration pacifique : à nouveau, des Algériens sont morts parce qu'ils voulaient vivre libres.

« En restant passifs, les Français se feraient les complices des fureurs racistes dont Paris est désormais le théâtre et qui nous ramènent aux jours les plus noirs de l'occupation nazie : entre les Algériens entassés au Palais des sports en attendant d'être "refoulés" et les Juifs parqués à Drancy avant la déportation, nous refusons de faire la différence.

« Pour mettre un terme à ce scandale, les protestations morales ne suffisent pas. Les soussignés appellent instamment tous les partis, syndicats et organisations démocratiques non seulement à exiger l'abrogation immédiate de mesures indignes, mais à manifester leur solidarité aux travailleurs algériens en invitant leurs adhérents à s'opposer, sur place, au renouvellement de pareilles violences. »

Quelques mois plus tard, le 8 février 1962, cette violence s'abattait, au métro Charonne, sur une manifestation non violente pour la paix en Algérie (un rappel factuel ici). L'immense émotion soulevée par les neuf morts de Charonne a longtemps fait écran au souvenir des dizaines de victimes du 17 octobre 1961. Comme si les seconds faisaient partie de notre histoire française, tandis que les premiers étaient assignés à la seule cause algérienne. C'est évidemment cet oubli qu'il faut aujourd'hui réparer. Car dans cette occultation se joue notre relation à la question coloniale en général et, plus particulièrement, à la part algérienne de notre histoire et de notre propre peuple.

 

L'appel de Mediapart à la vérité et à la réconciliation

Tel est le sens de l'appel lancé par Mediapart, avec l'association Au nom de la mémoire, pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961 (à lire et à signer en cliquant ici). Se saisir de cette date, ce n'est pas seulement demander justice pour les victimes, c'est aussi ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire commune de deux peuples, l'algérien et le français. Les cinquante ans de la tragédie du 17 octobre 1961 inaugurent en effet l'année du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, avec toutes ses étapes commémoratives, notamment celle du décès, le 6 décembre 1961, de Frantz Fanon, cet exceptionnel Martiniquais, ancien combattant de la France Libre ayant épousé la cause indépendantiste algérienne, et devenu, dans le monde entier, le chantre de la révolte des Damnés de la terre.

Notre pari, c'est que ce cinquantenaire soit l'occasion de renouer les fils d'une histoire commune entre la France et l'Algérie. « Ni repentance ni vengeance, écrivons-nous, mais justice de la vérité et réconciliation des peuples : c'est ainsi que nous construirons une nouvelle fraternité franco-algérienne. » Tournant le dos aux inutiles guerres des mémoires et aux fratricides concurrences des victimes, notre appel veut en finir avec l'instrumentalisation politique de ce passé meurtri par des pouvoirs, particulièrement l'actuelle présidence française, qui laissent indéfiniment suppurer les blessures afin de diviser, en convoquant des fantômes pour qu'ils bataillent à l'infini.

Dire la vérité sur le passé, c'est se reconnaître dans le présent et se découvrir pour le futur. Sur le 17 octobre 1961, malgré les nombreuses entraves mises à l'ouverture des archives, l'essentiel de la vérité est connu, établi par les historiens, illustré par des écrivains, raconté par des associations. Il faut ici citer, parmi bien d'autres, les noms de Didier Daeninckx, Jean-Luc Einaudi, Mehdi Lallaoui, Anne Tristan et Gilles Manceron (vous retrouverez toutes les références à leurs ouvrages sous l'onglet "Prolonger" de cet article). Mais ce qui manque toujours, à l'instar du discours prononcé en 1995 par Jacques Chirac à Paris sur l'emplacement du Vél d'Hiv par rapport à la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des Juifs, c'est cette parole officielle qui apaise et libère, à la fois consolatrice et réconciliatrice (retrouver ici le texte intégral du discours de Jacques Chirac).

A juste titre, nombreux sont les historiens qui critiquent l'exploitation partisane et politicienne du passé, dont l'actuel pouvoir donna une illustration caricaturale en annexant le calvaire du jeune communiste Guy Môquet, fusillé par les nazis en 1941. Soucieuse d'éviter ce piège, notre démarche rassembleuse s'inspire de cet usage collectif du passé qu'ont gardé des sociétés restées plus proches de leurs savoirs traditionnels. Notre appel se réclame ainsi de ce qu'ont su inventer, avec Nelson Mandela et Desmond Tutu, les militants du combat contre l'apartheid en Afrique du Sud, au lendemain de la chute du régime raciste.

L'épilogue de la Constitution provisoire de l'Afrique du Sud de 1993 utilise un mot des langues bantoues, ubuntu, qui désigne « la qualité inhérente au fait d'être une personne avec d'autres personnes ». C'est, en d'autres termes, un appel à la relation, par-dessus les drames et les blessures, que ce premier texte constitutionnel traduisait ainsi : « L'adoption de cette Constitution pose la fondation solide sur laquelle le peuple d'Afrique du Sud transcendera les divisions et les luttes du passé qui ont engendré de graves violations des droits de l'homme, la transgression des principes d'humanité au cours de conflits violents, et un héritage de haine, de peur, de culpabilité et de vengeance. Nous pouvons maintenant y faire face, sur la base d'un besoin de compréhension et non de vengeance, d'un besoin de réparation et non de représailles, d'un besoin d'ubuntu et non de victimisation. »

Pour un «ubuntu» à la française sur notre passé colonial

L'ubuntu à la française auquel nous appelons solennellement concerne d'abord notre histoire algérienne, qui touche directement des millions de Français et leurs proches – parce qu'ils en viennent, parce qu'ils en sont issus, parce qu'ils y ont participé, parce qu'ils en ont été témoins ou acteurs, etc. Mais il concerne aussi, plus largement, notre rapport collectif au long passé d'empire colonial de la France, dont 1962 marque la fin bien que nos outre-mers d'aujourd'hui, des Antilles à la Nouvelle-Calédonie, en soulignent encore la persistance. Il nous revient de réinventer cette relation d'humanité mutuelle où se refonde durablement la politique des peuples, en lieu et place des intérêts à courte vue des gouvernants.

« Il n'est pas interdit, écrivait en 2004 l'historien Maurice Olender en introduction à un numéro de sa revue Le genre humain autour de la Commission Vérité et Réconciliation sud-africaine, de s'inspirer de cette forme d'humanité mutuelle qui fait que ce qui blesse l'un atteint l'autre, que ce qui panse l'un guérit l'autre, que ce qui autorise la mémoire et l'oubli des uns et des autres ouvre l'avenir à des projets politiques communs. » Tel est l'état d'esprit de cette nouvelle fraternité franco-algérienne à laquelle nous appelons, dans l'idée d'une pratique sensible de la politique, d'intuition de la relation et d'écoute de l'autre.

Nous irons donc manifester lundi soir 17 octobre 2011, à Paris, des grands boulevards au pont Saint-Michel dans l'espoir qu'advienne, au jour d'une alternance politique éminemment souhaitable, cette parole officielle de vérité et de réconciliation qui ouvrira une voie nouvelle pour nos deux peuples, français et algérien, inextricablement liés par l'histoire et par la géographie, au passé comme au présent.

A la fin de son récent essai sur la triple occultation du massacre du 17 octobre 1961, l'historien Gilles Manceron rappelle qu'au soir du 8 février 1962, à la prison de la Santé, un Français emprisonné pour son soutien au FLN, entendit soudain un silence de plomb, alors que circulait la nouvelle des morts de Charonne. Puis, raconte-t-il,« d'un seul coup, on a entendu, avec l'accent algérien, monter la Marseillaise, le "Allons enfants de la patrie". Je vous assure qu'on était tous là à se tenir la main, et là une émotion... qui rejaillit encore aujourd'hui. C'était leur hommage aux morts de Charonne, qui étaient contre la guerre d'Algérie... et qui étaient aussi leurs morts ».

Comme ceux de Charonne le sont pour les Algériens, les morts du 17 octobre 1961 sont, eux aussi, les nôtres. Et ils nous espèrent encore, nous attendent et nous appellent, afin que nous soyons enfin fidèles à cette injonction que nous lançait le jeune Frantz Fanon, en 1952, dans une quête infinie de tout ce que l'humanité peut partager : « Que jamais l'instrument ne domine l'homme. Que cesse à jamais l'asservissement de l'homme par l'homme. C'est-à-dire de moi par un autre. Qu'il me soit permis de découvrir et de vouloir l'homme, où qu'il se trouve. »

Oui, où qu'il se trouve.

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Je suis d'autant plus sensible à ce texte, que ma mère, militante communiste et anti-colonialiste convaincue, m'a raconté s'être rendue à cette manifestation et avoir pu sauver plusieurs manisfestants algériens en les arrachant litéralement des mains de la police en se faisant passer pour leur épouse française.

 Je ne sais s'il s'agissait d'une consigne du PCF ou d'une initiative individuelle.

 

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13 octobre 2011

Denis Khiusov

Une sélection de quelques photos de Denis Khiusov (connu aussi sous le nom de Kamuisama). J'ai choisi, pour vous donner envie de découvrir ce photographe, deux thèmes : Shibari en extérieur et Bondage en couple. Deux aspects plutot rares dans l'iconographie de cet art. J'aime tout particulièrement la puissance dégagée dans la deuxième partie, par les modèles et la mise en scène. 

Vous pouvez découvrir le travail de Denis Khiusov en suivant les liens suivants :

Photosight

Vk

Son site

 

Avertissement : la réalisation de tels bondages est l'affaire de gens expérimentés, prenant une foule de précautions pour garantir l'intégrité des modeles. Cet été 1 jeune femme italienne est morte et une autre sérieusement blessée, lors d'une séance de bondage en extérieur, faute d'avoir respecté ces consignes vitales.

 

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28 septembre 2011

Pourquoi je me suis remis à boire !

 

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17 février 2011

De Florence Cassez à Salah Hamouri


Les déclarations de Michelle Alliot-Marie : 

Quand il s'agit de Florence Cassez (sources)

"Michèle Alliot-Marie, la ministre des Affaires étrangères, a ainsi dénoncé un « déni de justice » qui va « peser sur les relations bilatérales ». « Cette décision est déplorable » et « les conditions dans lesquelles (elle) a été prise sont inadmissibles », s’est emportée la ministre. Pour MAM, « aucun des éléments fondamentaux de droit ou de fait soulevés par la défense de Florence Cassez n’a été pris en compte comme ils auraient dû l’être dans un Etat de droit. »

Quand il s'agit de Salah Hamouri (jeune franco-palestinien en prison en Israël) : 

"Les autorités françaises accordent donc une attention constante à la situation de Salah Hammouri et ne se satisfont pas de son maintien en détention. Il ne leur appartient pas, néanmoins, d'intervenir ou même de commenter les procédures judiciaires d'un Etat souverains." (souligné par moi)

Dans une lettre à Jean-Claude Lefort, député honoraire, Président du Comité de soutien à Salah Hamouri en date du 5 janvier 2011. (sources)

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Est-ce que le Mexique n'est pas un état souverain ?

Est-ce qu'Israël est un état plus souverain que le Mexique alors  que la sentence visant Salah a été rendue par un tribunal militaire  et qui plus est, en territoire occupé, en totale violation avec le Droit International ?

Les parents de Florence ont été reçu plusieurs fois par Nicolas Sarkozy. Les parents de Salah ? Jamais ! Malgré leurs nombreuses demandes...

Souhaitons à Florence et à Salah, victimes de l'injustice et de l'arbitraire dans les pays où ils sont emprisonnés, de rapidement recouvrer la liberté.

Et souhaitons pour la France, rapidemment, des changements profonds et véritables pour que les humains soient en parfaite Egalité et que leur sort ne dépende pas de la nature de leurs geôliers. Libertés pour tous au prix d'une réelle Fraternité.

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16 février 2011

Boris Brul

Je vais utiliser les excellentes photos de Boris Brul pour délivrer des messages personnels. 

Au fil de mes recherches, j'ai découvert Boris Brul et tout de suite, bon nombre de ses photos ont pris du sens pour moi. J'aime le regard humain et décalé qu'il pose sur les personnages qu'il créé.

Vous pouvez retrouver son travail sur sa page Photodom.

 

 

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Nos avis divergent, réfléchis bien la prochaine fois...

 

 

 

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Tu n'aimes pas mes photos de toi...

 

 

 

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A terminer ! Vite, je suis pressé...

 

 

 

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Le café, la clope et ...

 

 

 

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Alternative à Dukan ?

 

 

 

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Je t'imagine là-bas ainsi...

 

 

 

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Folie des soirs d'été...

 

 

 

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En recherche...

 

 

 

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L'énigme faite Femme...

 

 

 

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En fumée...

 

 

 

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Ne rêve pas ...

 

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